À la fin du XIIIe siècle en 1394, les communautés hébraïques, expulsées du Royaume de France, se réfugient dans le Comtat Venaissin, un état indépendant appartenant à la papauté du XIIIe au XVIIIe siècle.
Ils furent appelés "les juifs du pape" par la population locale, puisqu'ils dépendaient de lui en bénéficiant de son accueil, mais la tolérance du pape était toute relative :
Au XVe siècle, les Juifs de Cavaillon étaient obligés de vivre dans un ghetto de quelques rues ("carriero" en provençal), fermé chaque soir pour la nuit.
Au XVIIe siècle, avec la Contre-Réforme, cette mesure se renforça. L'exclusion, l'insécurité, la promiscuité et les problèmes d'hygiène étaient le quotidien des habitants.
Les humiliations étaint nombreuses pour cette petite communauté, voisine de quelques kilomètres de celles de Carpentras, d'Avignon, et de L'Isle sur la Sorgue, d'autres ghettos. Si le droit de culte et de s'administrer leur était reconnu, Les hommes juifs étaient obligés de porter un chapeau de couleur jaune pour se déplacer. Ils devaient payer des taxes particulières. Ils devaient aussi assister à des sermons chrétiens les appelant à la conversion, etc... Seuls les métiers autorisés par le pape leur étaient accessibles. Les habitants des carrières se spécialisèrent donc dans la friperie et le prêt d'argent.
Exclue de la société, la carrière s'organise. Elle a ses règles et ses chefs. La vie tourne autour de la synagogue. Lieu où se déroule la prières, l'éducation et les assemblées.
Les carrières ne furent supprimées qu'après la Révolution française, en 1790-1791. La synagogue de Cavaillon est le seul témoin vraiment conservé de la vie collective de ces carrières.
Pour l'Eglise, le maintien d'un petit groupe de juifs misérables et abaissés doit témoigner du sort d'Israël, puni pour avoir refusé le christianisme.
La répétition au cours des âges de mesures restrictives est toutefois l'indice qu'elles étaient en réalité peu appliquées.
Les "juifs du pape", comme ils seront appelés, semblent avoir eu de bonnes relations avec leurs concitoyens chrétiens.
Au cours du XVIIIème siècle, la situation économique des juifs s'améliore. Les comtadins voyagent beaucoup dans tout le Midi de la France, certains s'installent de façon semi-permanente à Nîmes, Montpellier, etc...
L'usage du français se répand. Témoin de cette prospérité nouvelle, la construction de la splendide synagogue de Carpentras. Par contre, la vie quotidienne ne peut guère refléter l'enrichissement des juifs du Pape, qui ne peuvent s'établir hors des "carrières" surpeuplées où les maisons de six ou sept étages apparaissent aux yeux des voyageurs qui arrivent à Carpentras comme de véritables gratte-ciels.
La Révolution française, avec le rattachement à la France d'Avignon et du Comtat Venaissin, marque pour les juifs une véritable libération. Malgré une opposition (peu virulente, d'ailleurs) de certains, les juifs du Pape deviennent citoyens français. En quelques années, les carrières se vident. Les juifs prennent une part active aux évènements révolutionnaires, en particulier à Nîmes, et se dispersent dans toutes les grandes villes du Midi, et jusqu'à Paris.
Synagogue de Cavaillon - Rue Hébraïque - 84300 Cavaillon
+33 (0)4 90 71 21 06
http://www.cavaillon.com/infos-generales.html