Au coeur de la Montagnette, pas loin de Boulbon et de Barbentane, se dresse l'Abbaye Saint Michel de Frigolet, qui tire son nom du mot thym, le “ferigoule” en provençal, qui pousse partout sur les collines.
D'abord simple prieuré qui aurait été fondé par les moines de Montmajour, elle a grandi avec l'implantation d'un chapitre de Saint Augustin et a connu son apogée au XIIème siècle. De cette période subsiste le coeur du monastère, le cloitre, l'église Saint-Michel et la chapelle romane Notre-Dame du Bon Remède bâtie antérieurement au XIème siècle.
A partir du XVe siècle, l'abbaye fut petit à petit abandonnée. Mais en 1635 des Hiéronymites s'installent et embellissent le prieuré délaissé. Ils ajoutent une salle du Chapitre et les salles attenantes dotées de leurs magnifiques voûtes de pierre. La chapelle Notre-Dame-du-Bon-Remède est ornée de son magnifique décor baroque.
Mais la Révolution a mis fin à tout ça et les lieux deviennent des biens nationaux.
Transformée en pensionnat en 1839, l'abbaye a accueilli le jeune élève Frédéric Mistral, lui même recevant parfois son ami Alphonse Daudet.
Fermé deux ans plus tard, l'ancien prieuré est racheté par le Révérend Père Edmond et investi par des Prémontrés. Des pèlerins y viennent en masse et une église néogothique hautement décorée est édifiée, englobant la chapelle de Notre-Dame du Bon Remède. Une enceinte néo-médiévale est également construite – carrément fortifiée avec des tours, créneaux, courtines et mâchicoulis !
Le 6 juin 1869, le Pape Pie IX élève le prieuré de Frigolet au rang d’Abbaye. Malgré quelques aléas de la fortune qui les ont vu partir plusieurs fois, les Prémontrés ont réussi à regagner l'abbaye au XXè siècle et y résident depuis.
Aujourd'hui, en outre des visites, l'abbaye accueille pour des séjours de 8 jours maximum les gens désireux de retrouver la silence et la paix lors d'une retraite.
On ne peut pas parler de l'Abbaye de Frigolet sans parler de « l'élixir du révérend Père Gaucher » ou la liqueur Frigolet d'un beau vert doré, fabriquée avec les fines herbes de la montagnette.
Daudet, dans ses Lettres de mon moulin, s'est inspiré d'un moine de l'abbaye, un génie de l'alambic, le frère Calixte Gastinel.
La véritable histoire de cette liqueur diffère un peu de celle de Daudet. Oui, le Frère Gastinel distillait dans l'abbaye la liqueur, commercialisée sous le nom de Norbertine, du nom du fondateur de l'ordre, Père Norbert. Mais ce n'est que vers la fin du 19e siècle qu'une distillerie à Châteaurenard acquit la licence pour la fabriquer et adopte le nom donné par Daudet.
Aujourd'hui, cette distillerie existe toujours.
Autour de l'abbaye, de nombreux sentiers sillonnent la Montagnette, on peut y faire du VTT et de nombreuses aires de pique-nique ainsi qu'un restaurant complètent le cadre de ce site très apprécié par les provençaux.