Le Moyen-Age


Le Haut Moyen-Age

Avignon est une "cité-forteresse", d'aspect encore romain. C'est aussi un centre intellectuel réputé : L'abbé parisien Domnole refuse en l'an 550 la charge d'évêque d'Avignon car il redoute la fréquentation des "sénateurs sophistes et des magistrats philosophes". 


La noblesse provençale, d'origine gallo-romaine, se dit encore de "droit romain". Cultivée et orgueilleuse, elle supporte mal la tutelle franque. C'est vraissemblablement elle qui fait appel aux Sarrasins venus d'Espagne. Ils entrent dans Arles et Avignon en 734-735. Devenue une puissante position arabe, Avignon sera reprise par Charles Martel une première fois en 737, au terme d'un siège sanglant, et une seconde fois, deux ans plus tard. La ville redevient la propriété des Francs et les "traîtres" sont sévèrement châtiés. L'aristocratie franque prend définitivement le pays en main. En 932, le royaume de Provence est réuni à celui de la Bourgogne, formant ainsi le royaume d'Arles, rattaché à l'empire en 1033. 



Les Comtes de Provence

En 948, les comtés de Provence sont groupés sous une autorité commune : un des descendants de Boson, Roi de Provence en 879, élu comte d'Arles, sera le premier à la gouverner.


Parallèlement à l'affaiblissement du pouvoir royal sous la dynastie carolingienne, la noblesse prend le contrôle des campagnes et se désintéresse des villes. C'est l'époque des "guerres féodales" et de l'autorité sans partage du seigneur local sur ses terres. Avignon est gouvernée par un comte et par un évêque nommé par le comte. 

Au début du XI° siècle, le comte de Provence et l'Evêque, s'installent à chacune des extrémités du rocher : le premier dans le fort St Martin, construit sur les bases de l'ancien castrum romain et qui sera détruit en 1650, tandis que le second fait édifier une chapelle : Notre-Dame-du-Château (Notre-Dame-des-Doms).


Le commerce redevenant florissant dans toute l'Europe occidentale, la ville profite de sa situation sur la route entre l'Italie et l'Espagne, et du trafic fluvial. Les corporations d'artisans et de marchands se développent et s'installent au pied du rocher. Nobles, chevaliers et prud'hommes, enrichis, prennent alors de l'importance et commencent à jouir d'une autorité non négligeable. La ville se peuple et retrouve son extension gallo-romaine. Une double enceinte est bâtie au XII° siècle. Les terres aux alentours sont drainées, les marais asséchés.


Le pouvoir du vicomte, puis celui de l'évêque s'affaiblissent. La dynastie fondée par Boson d'Arles s'était divisée et au début du XII° siècle, la Provence appartenait à 3 familles. Avignon se trouvant à l'intersection des 3 comtés et aucun des comtes ne voulant la partager, se trouva indivise. En 1129, Guillaume III, comte de Forcalquier, remit avant de mourir, à l'évêque, aux chevaliers et aux prud'hommes d'Avignon, "pouvoir, juridiction et seigneurie" dont été investi le vicomte. Avignon est alors libéré de cette autorité et s'érige en commune, en 1161, l'empereur Frédéric Barberousse confirmera ce privilège.

La Commune d'Avignon

L'évêque en est le président, mais l'autorité appartient aux 8 consuls (4 à l'origine), 4 chevaliers et 4 prud'hommes, élus pour un an. Les consuls sont aidés par des juges et des maîtres de rues. Lors des décisions d'importance, on convoquait le peuple au pied de l'escalier Ste Anne, qui relie le Rhône à Notre-Dame-des-Doms.


Le célèbre Pont d'Avignon, appelé pont Saint Bénézet en l'honneur de son fondateur est construit en 1185. Il contribue encore à augmenter le flux de marchandises passant par la ville. Commerciale et cosmopolite, Avignon est alors une des villes les plus puissantes du Midi. Protégée par sa double enceinte, son pont assure sa renommée et lui assure une source de revenu considérable. Elle est terre d'Empire, le fleuve est la frontière avec le Royaume de France.


Le conflit entre Raymond VI, comte de Toulouse et le roi de France Louis VIII va pourtant bouleverser l'ordre des choses. La commune d'Avignon prend résolument le parti du comte de Toulouse lorsque le concile de Latran (1215) le dépossède de nombreuses terres. Avignon, fidèle à son suzerain, s'attaque à Guillaume II d'Orange, qui voulait s'approprier le Comtat Venaissin. Elle l'élimine et reçoit en remerciement : Caumont, Le Thor, Thouzon, Jonquerette. En remboursement d'un prêt accordé, elle reçoit, en 1226, tout le Comtat Venaissin, les châteaux de Malaucène et de Baucaire. La Commune d'Avignon, à l'apogée de sa puissance, se comporte en véritable puissance régionale et se croit même capable de résister au Roi de France.


Le Roi Louis VIII arrive, il descend la vallée du Rhône avec une armée nombreuse pour une croisade contre les hérétiques albigeois. Après quelques hésitations, les habitants d'Avignon lui fermèrent les portes, lui interdisant ainsi la traversée du Rhône. S'ensuivit un siège de trois mois, terriblement dur et meurtrier. Les avignonnais affamés se rendent quelques jours seulement avant qu'une crue du Rhône n'inonde les positions où se tenaient le roi et son armée.


Le roi réclame des otages et fait payer une forte rançon, il ordonne de raser les enceintes et fait démanteler les quelques 300 maisons-fortes des chevaliers avignonnais par les paysans de la région, heureux de se venger de la tutelle oppressante de la cité. Il fait détruire en plus le pont aux trois quarts. C'en est fini de la puissance de la commune d'Avignon.


En 1229, le Comtat Venaissin est concédé à l'Eglise. Après la mort du comte de Toulouse Raymond VII en 1245, la ville passe sous la double tutelle de Charles Ier d'Anjou, comte de Provence et de Alphonse de Poitiers, comte de Toulouse, tout deux frères du roi Saint Louis. Ils restaurent l'autorité comtale en réduisant définitivement le pouvoir communal en 1251. En 1274, le roi Philippe le Hardi, héritier de son oncle Alphonse de Poitiers, mort sans descendance, fait définitivement don du Comtat Venaissin à l'Eglise. Son successeur Philippe le Bel cède ses parts sur Avignon en 1290 au comte de Provence Charles II d'Anjou qui devient alors le seul maître d'Avignon.



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