En mai 2013, la Patrouille de France a célébré son 60ème anniversaire. Plus de soixante ans de panache, de rêve et de passion, durant lesquels l'équipe de vol acrobatique a traversé tous les cieux du monde, provoquant l'admiration et l'enthousiasme de milliers de spectateurs. Derrière la magie du spectacle se cache un entrainement strict et exigeant pour les pilotes et des compétences techniques exceptionnelles pour tout le personnel de la Patrouille de France.
Créée en 1953 et basée à Salon de Provence, la Patrouille de France est la plus ancienne équipe de vol acrobatique militaire de tous les temps. Depuis 55 ans, la Patrouille de France enchante tous les pulics, en France et à l'étranger, surtout depuis 1981, date à la quelle elle s'est équipée du tout nouvel avion franco-allemand, l'Alphajet.
Formation en canard, Patrouille de France
Patrouille de France en vol, Salon de Provence
Formation en diamant, Patrouille de France
Le coeur de la Patrouille de France
Préparatifs de décollage
Les pilotes de la Patrouille de France
L'Alphajet de la Patrouille de France, bi-réacteur à aile haute en flèche, biplace en tandem, est propulsé par deux réacteurs Larzac 04 à double flux, développant 1320 daN chacun. Long de 11,85 mètres, haut de 4,19 mètres, l'Alphajet de la Patrouille de France peut peser au décollage 7250 kgs au maximum. L'Alphajet de la Patrouille de France, petit biréacteur performant qui décolle en 700 mètres et atteint Mach 0,86 à 15 000 mètres est très représentatif des avions de combat en service dans de nombreuses forces aériennes, où ses qualités de vol, de maniabilité et de sécurité sont très appréciées.
L'Alphajet n'a pas été spécialement modifié pour la Patrouille de France, exception faite de la peinture, qui est bleu-blanc-rouge, du phare de nez, du viseur qui est ôté, car inutile, et enfin du pod fumigène fixé sous le ventre qui remplace le pod canon, ce qui permet de laisser dans le ciel un panache bleu, blanc ou rouge. Diamant, losange, canard, Té, concorde, flèche, grande flèche et très grande flèche sont quelques unes des impressionnantes figures que les Alphajet de la Patrouille de France réalisent.
Un tel résultat ne laisse aucune place à l'improvisation
Les positions des huit avions sont extrêmement précises. Du «leade », le chef d'orchestre de la formation, au «charognard», qui le suit, en passant par les « intérieurs », les «extérieurs» et les «solos», chacun connaît parfaitement sa place et son rôle. Avant d'offrir au public un spectacle si bien rôdé où tout semble si facile, des heures et des heures de travail sont nécessaires. Chaque année, six mois d'entraînement permettent de mettre sur place le nouveau show. Un entraînement qui respecte jour après jour le même programme, de 8h00 à 17h30 : musculation, briefing, 1er vol, debriefing et correction des erreurs, briefing, 2ème vol, déjeuner, débriefing, sport collectif. Une discipline nécessaire pour construire et parfaire le délicat puzzle en trois dimensions qu'est le spectacle.
Chaque figure, après avoir été conçue et minutieusement analysée au sol, est ensuite réalisée en vol dans la formation de base, le diamant. Quand elle est bien assimilée par tous, on ajoute des changements de formation, puis, plus tard, des fumées blanches ou colorées. On enchaîne ensuite les différentes figures les unes aux autres, lentement et sûrement, pour donner naissance à la série. Le pilotage à la Patrouille de France s'inscrit dans le prolongement de celui acquis en unité opérationnelle, auquel il faut ajouter la spécificité de ce métier particulier : la voltige en patrouille serrée à très basse altitude. Les avions évoluent entre 200 et 600 kms/heures et sont distants d'environ deux mètres pendant les évolutions, faisant subir à leurs pilotes des accélérations comprises entre -3G et +7G et entre 30 et 1500 mètres de hauteur par rapport au sol. C'est très pénible physiquement, mais encore plus dur psychologiquement.
En pilotant quasiment aile contre aile à 600 kilomètres heures, sans autre repère visuel que l'avion du leader, les pilotes de la Patrouille de France savent que la moindre erreur est synonyme d'accident mortel. C'est pourquoi les pilotes ne sont affectés à la Patrouille de France que pour des durées de trois ans. Chaque année, trois nouveau pilotes rejoignent la Patrouille de France, et les trois « plus anciens » la quittent. Trois nouveaux postes qui sont très convoités : nombreux sont ceux qui désirent piloter un Alphajet bleu-blanc-rouge, mais il y a peu d'élus. Les prétendants aux postes sont tous des officiers volontaires, issus de différentes unités de combat de l'armée de l'air française. Ils sont pilotes chef de patrouille, qualification la plus élevée en escadron de chasse, les uns sur Jaguar, kas autres sur Mirage F1 ou Mirage 2000. Ces pilotes de la Patrouille de France possèdent une expérience minimale de 1500 heures sur avions à réaction. La sélection s'opère à plusieurs niveaux. Après avoir obtenu l'aval de la hiérarchie et été retenus par l'Etat Major, les postulants se présentent à la Patrouille de France et sont désignés par leurs pairs, selon le principe de la cooptation. Ce dernier choix est plus subjectif car il est essentiellement fondé sur le caractère et la sociabilité des candidats, mais il est primordial : la bonne entente de tous les membres de l'équipe est vitale pour la cohérence et la stabilité du groupe.
Virginie Guyot, première femme à intégrer la Patrouille de France, a occupé le poste de leader en 2009, un première mondiale.
Un autre élément vital pour la réussite du show est l'équipe technique. Chaque pilote de la Patrouille de France a son mécanicien attitré, une vingtaine d'autres mécaniciens et une équipe de dépannage les assistent. Une heure de vol d'un Alphajet nécessite dix heures de préparation : vérification des turboréacteurs, lavage des vitres du cockpit, maintenance de l'indispensable siège éjectable... La confiance entre « volants » et personnels au sol est si forte qu'aucun pilote ne ferait l'affront à son mécanicien d'aller inspecter l'appareil avant le décollage. Avant de sauter à bord des avions, les pilotes participent à la « messe », le briefing qui a lieu avant chaque vol.
Maints jointes sur les genoux, face à ses hommes, le commandant de la Patrouille de France fixe le vide devant lieu et entame une curieuse litanie : « Et 10 à la radio...On roulera par la droite...formation en canard...je tourne à gauche...je prends du trim, fumigène...Top, éclatement intermédiaire, les extérieurs... Top » Ce monologue, la « musique », que les pilotes de la Patrouille de France connaissent par coeur, est l'ultime répétition générale et mentale qu'ils réaliseront en vol dans quelques instants.
Les yeux clos pour mieux se concentrer, les pilotes de la Patrouille de France ont tous mimé les gestes à venir. Encore quelques minutes, puis la Patrouille de France décole, s'envole par groupe de quatre. Après un premier virage sur la gauche, elle adopte la formation diamant, puis enchaîne près d'une heure de show, enchainant les acrobaties les plus audacieuses : looping, passage sur le dos, piqué vertigineux, jusqu'au bouquet final en forme de coeur bleu-blanc-rouge. Un show fluide et cohérent qui, de mai à septembre, sera présenté une cinquantaine de fois, partout en France mais aussi dans toute l'Europe, en Afrique et en Russie. Un show féérique à la hauteur de l'entrainement rigoureux que s'impose la Patrouille de France, la formation de voltige aérienne la plus ancienne et la plus prestigieuse de la planète.
Le programme de la Patrouille de France est renouvelé chaque année. Chaque programme (déterminé par le leader de la Patrouille de France au début de la saison) est unique en son genre de part l'ordre des figures et l'utilisation des différentes formations. La figure emblématique de la Patrouille de France est le cœur (balance en Y à six coupé d'une flèche de fumigènes des deux solos). Les évolutions de la Patrouille de France se font en formation, ce qui revient à dire que les huit appareils volent très près les uns des autres (2 à 3 mètres). Ces formations portent des noms très spéciaux qui sont souvent des références ou des clins d'œil :
Alpha : Les 8 appareils forment un motif fait de trois accents circonflexes formant la lettre greque Alpha
Ariane : Le leader, le charognard et les solos forment une ligne verticale. De part et d'autre du deuxième solo (qui ferme la marche), les intérieurs et les extérieurs forment des lignes verticales à deux, le tout ressemble à une formation de deux poutres décalée vers l'arrière rappelant la forme de la fusée ariane 4.
Canard : Le leader et les intérieurs forment une flèche à trois ; derrière eux le charognard, les extérieurs et les solos forment une deuxième flèche imbriqué dans l'autre formant un chevron.
Concorde : Partant de la formation diamant, le leader et le charognard avancent. Le charognard prend la place du leader qui se retrouve en pointe. Le tout donnant la forme du Concorde.
Croisillon : Le leader, le charognard et les solos forment une ligne verticale. Entre le charognard et le leader solo, les intérieurs et les extérieurs viennent se placer en ligne horizontale formant une croix.
Big Nine : C'est une formation où le leader est en pointe, les intérieurs de part et d'autre en léger retrait. Les extérieurs se placent eux de part et d'autre des intérieurs. Le charognard et le remplaçant complètent de la même façon la formation le tout formant un chevron à neuf (formation utilisée pour le défilé du 14 juillet).
Rafale : Le leader et le charognard sont en pointe, les intérieurs et les extérieurs forment une première ligne horizontale derrière le charognard. Les solos forment une autre ligne horizontale en arrière.
Flèche : Le leader, les intérieurs et les extérieurs forment une pyramide. Les autres équipiers emmenés par le charognard forment une ligne verticale derrière le leader.
Grande Flèche : Le leader en pointe, le charognard derrière. Les intérieurs de part et d'autre du leader en retrait, les extérieurs sont en retrait eux aussi de part et d'autre des intérieurs
Très Grande Flèche : A partir d'une formation grande flèche le leader et le charognard avancent d'une place.
Balance : Le leader est en pointe, le charognard toujours derrière lui. Les extérieurs et les intérieurs s'alignent sur une ligne horizontale entre le leader et les solos.
Super Balance : Comme la balance, à ceci près que les solos sont à l'extérieur de la formation sur la ligne horizontale.
Apollo : Le leader et le charognard sont en pointe. Derrière le charognard, de part et d'autre, sont placés les deux intérieurs. Les extérieurs se placent derrière les intérieurs dans la même formation. Les deux solos sont décalés de part et d'autre des extérieurs le tout rappelant la forme du module lunaire des missions Apollo.
Fusée : A partir d'une formation croisillon les extérieurs reculent pour arriver au niveau du second solo.
Diamant : Les appareils prennent position dans un box serré pyramidal selon le modèle 1-2-3-2. Le tout forme un diamant.
Té : Le leader, les intérieurs et les extérieurs forment une ligne horizontale. Les autres équipiers emmenés par le charognard forment une ligne verticale derrière le leader.
Dard : C'est une formation croisillon dans laquelle les extérieurs se reculent pour arriver au niveau du leader solo.
Transall : Le leader est toujours en pointe avec la charognard derrière lui. Entre les deux les intérieurs et les extérieurs forment une ligne droite. Les deux solos sont côte à côte derrière le charognard.
Cygne : A partir d'une formation grande flèche à six emmenée par le leader solo, le charognard se place devant le leader solo. Le leader quant à lui mène la formation devant le charognard.
Deux poutres : Le leader et le charognard sont en pointe ; les intérieurs, les extérieurs forment deux "poutres" à trois (alignement vertical) de part et d'autre du charognard.
Losange : On part d'une formation diamant où le charognard recule pour se situer derrière les solos.
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