La Provence est le pays de la poterie et de la faïence avec ses Aubagne, ses Moustiers, Biot, Vallauris, Cliousclat... Centres anciens qui existent depuis des siècles, toujours vivants, créatifs et qui génèrent des potiers, des ateliers dispersés, aujourd'hui, par centaines, dans de nombreux villages. A l'attrait de ses paysages ou de ses monuments, la Provence ajoute parmi ses productions emblématiques, une poterie colorée, chatoyante, méditerranéenne, sans omettre la faïenceP.
De nos jours comme hier, la vaisselle de terre accompagne les gestes quotidiens, d'abord ceux de la cuisine. Dans un temps où il fallait épargner et conserver les réserves, on disposait de jarres pour l'huile, les fruits secs. Qui n'a rêvé de posséder l'une de ces belles poteries pour son jardin? Et ces mortiers où se pilent l'ail, le pistou, autrement dit le basilic pour la soupe ou les pâtes? Ils sont à la base de la cuisine provençale. Comme ces biches où se recueillait le lait de chèvre pour la crème et le fromage. Tout commençait dans le « tian », nom intraduisible du provençal, sauf à risquer le mot cuvette : on y lavait les légumes, on y rinçait la vaisselle dans la souillarde avec des cohortes de daubières, pour la très fameuse daube au vin, de marmites rondes où se faisait la célèbrissime bouillabaisse sur la plage avec l'eau de la Méditerranée, les armées de poêlons, de terrines ou de toupins, sans oublier les plats à gratin pour les tomates ou les aubergines farcies, les petites courgettes et les blettes : plus de cent préparations possibles, délicieuses, encore davantage à laisser refroidir l'été pour qu'elles se confisent. Toutes sortes de poteries qui se fabriquent encore, pour notre gourmandise, chez tous les potiers de Provence.
Jarres pour l'huile et les fruits secs
Poteries provençales pour le jardin
Poteries provençales : mortiers et biches
Poterie de Provence : les tians
Poterie de Provence : les toupins
Pichets émaillés
Pour déguster ces merveilles, le potier provençal offre ses assiettes, multicolores, qui font suite à l'écuelle, et la compagnie des cruches à eau. Tout un peuple de poteries car l'eau est rare en Provence, traitée en reine comme elle le mérite. Il y a les grands pots pour aller à la fontaine ou à la source, en ce cas on pouvait en charger l'âne ou le mulet. Parfois, cette cruche, plus petite, était portée sur la tête de la fille du mas. A table, c'est le pichet avec son anse et son bec. Le travail en est ancien, depuis le moyen âge. Il continue pour y servir l'eau et aussi le vin. Les plus anciennes , avec leur panse rebondie, teintée de miel, ornent la cuisine des bastides, posées sur une table avec des fleurs ou sur un pétrin.
Mais il est des poteries nées, parfois, de l'imagination du potier pour des usages précis, tel ce porte-melon ou pour la beauté du geste.
Car le potier est le dieu de l'argile, entre ses doigts filent pots, marmites, poêlons, en un instant. Il y a la préparation de la terre jusqu'à une année, l'acheminement des galettes, des pâtons, le fabuleux ouvrage des mains, du tour, le démoulage. Après vient le séchage dans la douceur de l'atelier ou dehors au soleil. Puis, c'est le temps du four : on charge, on chauffe, on vide. Au préalable, on a décoré, posé les couleurs chaudes, lumineuses qui enchantent. Les outils sont simples, primitifs : estèque, tournassin pour des gestes premiers. L'imagination et l'astuce remplacent tout, tel ce tour à corde pour la grande jarre. Le coup d'oeil du maître achève l'ouvrage.
Imagination du potier
Préparation de la terre
Les mains du potier à l'oeuvre
Le tour du potier
Le démoulage
Séchage des poteries dans l'atelier
Séchage des poteries dans le jardin
Des dessins colorés
Cuisson des poteries dans le four
Les outils du potier
L’autre production, c’est celle du malonnier, pour la maison : il y a la tuile, le malon estampé sur le dessous, quelquefois décoré dessus. Rien de plus beau que le mariage du carreau et de la poterie. Au départ, il n’y avait que cette houle d’argile. A la fin, l’harmonie des mas et des bastides. Tout un art de vivre dans la beauté des couleurs, des lumières teintées, tendres, jusque chez le plus pauvre des paysans.
Et encore plus dans les nobles ou riches demeures, avec la faïence. Aujourd’hui, Moustiers en est la capitale depuis le XVIIe siècle. On commença dans les décors bleus, parce que Louis XIV avait interdit l’argenterie, et pour imiter les décors de la porcelaine de Chine. Rien de plus raffiné que ces plats de parade où s’affirmait le rang de chacun. L’important est dans la qualité des argiles, surtout dans l’habileté des peintres. On en obtient des pièces splendides, pour des usages surprenants, tel ce rafraîchissoir à verres pour le service du vin, avec une délicatesse de dentellière. Il ne s’agit pas d’objets inaccessibles : tout se fabrique, comme pour la poterie, encore de nos jours et ces merveilles se vendent non seulement à Moustiers, mais en Apt avec des décors marbrés, des terres mêlées, à Marseille avec des plats et des fruits à illusion, plus vrais que nature !
Les faïences anciennes sont dans les musées, à l’abri : patrimoine de beauté, de luxe. Mais, chacun peut satisfaire ses goûts, en poteries, faïences, malons… La Provence est terre d’artisans, pour le plaisir des yeux, de la bouche : rien de tel qu’une daube cuite en une daubière.
Mariage du carreau et de la poterie
Carreaux estampés
Faïence de Moustiers
Habileté du peintre
Rafraîchissoir à verre et corbeille dentellée
Décor marbré d'Apt
Faïence d'apt et décors marbrés
Fruits à illusion - Poterie de Marseille
Musée de la Faïence à Marseille
Où dormir ?