A deux pas de Beaucaire et de Tarascon, sur la colline de l'Aiguille, on peut visiter l'ancienne abbaye troglodyte de Saint-Romain. Un lieu surprenant et émouvant creusé dans la roche calcaire. On y découvre de nombreux vestiges de la vie monastique mais surtout une vaste nécropole d'où l'on peut admirer un magnifique panorama sur le Rhône, les Alpilles, le Luberon et le Mont Ventoux.
On accède au monastère par un sentier aménagé d'environ 600m qui sillonne à travers les chênes verts, chênes kermès, pins d'Alep, genêts et cistes, plantes caractéristiques de la garrigue méditerranéenne. L'entrée du site est payante. Un chemin fléché nous guide tout au long de la visite, dans les entrailles du rocher : chapelle abbatiale, cellules, grande salle... et sur la terrasse où de nombreuses tombes creusées dans la roche embrassent le paysage alentour. Un lieu propice au recueillement qui ne pouvait qu'attirer une occupation mystique.
Ce petit massif calcaire, truffé de grottes, fût habité depuis la préhistoire par des tribus de chasseurs. L'histoire raconte que des moines s'y installèrent à la fin du Ve siècle. Emules de St-Roman, lui même disciple de Saint Jean Cassien qui avait fréquenté les moines du désert d'Egypte, ils adoptèrent un style de vie monastique qui s'inspire de celui des moines de l'Orient Chrétien (sites erémitiques et monastiques d'Egypte et de Cappadoce).
Ils embrassent au VIIè ou VIIIè siècles la règle de Saint-Benoit, le monastère devient une abbaye bénédictine et un important lieu de pélerinage où l'on vient vénérer les reliques de Saint Roman et St Trophime.
Au XIVè siècle, Urbain V y installe un studium où était délivré un enseignement gratuit aux jeunes gens doués pour les études, qu'ils soient pauvres ou riches.
Après le départ des papes d'Avignon, l'abbaye va peu à peu décliner.
Elle sera finalement vendue à un particulier qui achèvera de la fortifier et construira un petit château sur la terrasse. Château dont les pierres seront vendues par l'un des derniers propriétaires durant la première moitié du XIXè siècle.
Le site restée longtemps à l'abandon sera acquis par la commune de Beaucaire en 1988. Elle obtient le classement en Monument Historique en 1991.